Comprendre les conditions d’obtention d’un brevet : guide pratique pour les innovateurs

Le brevet est un outil indispensable pour protéger une invention et en tirer profit sur le marché. Ce document vous donnera un aperçu des conditions à remplir pour obtenir un brevet et vous guidera dans le processus d’obtention de cette protection juridique.

Première condition : la nouveauté

La première condition pour qu’une invention puisse être brevetable est qu’elle doit être nouvelle. Cela signifie que l’invention ne doit pas avoir été divulguée au public avant la date de dépôt de la demande de brevet, que ce soit par écrit, oralement ou par utilisation. La divulgation peut provenir du créateur lui-même ou d’une autre source. Toutefois, certaines exceptions existent, comme le délai de grâce qui permet au créateur de divulguer son invention sans perdre la possibilité de la breveter. Ce délai varie selon les pays et peut aller jusqu’à 12 mois.

Deuxième condition : l’inventivité

La deuxième condition pour qu’une invention soit brevetable est qu’elle doit impliquer une activité inventive, c’est-à-dire qu’elle ne doit pas découler de manière évidente de l’état de la technique pour un homme du métier. L’état de la technique englobe l’ensemble des connaissances publiques dans le domaine concerné à la date de dépôt de la demande de brevet. Cette exigence vise à éviter que des modifications mineures ou triviales d’inventions existantes soient brevetées, en encourageant les véritables innovations.

Troisième condition : l’application industrielle

La troisième condition pour qu’une invention soit brevetable est qu’elle doit être susceptible d’application industrielle, c’est-à-dire qu’elle doit pouvoir être fabriquée ou utilisée dans tout genre d’industrie, y compris l’agriculture. Il ne suffit pas que l’invention puisse être réalisée en laboratoire, elle doit également être reproductible à une échelle industrielle. Cette exigence garantit que les inventions brevetées présentent un intérêt économique et contribuent au progrès technique.

Exclusions et exceptions

Certaines catégories d’inventions ne sont pas brevetables, même si elles remplissent les trois conditions précédentes. Cela inclut notamment les découvertes, les théories scientifiques, les méthodes mathématiques, les créations esthétiques, les plans, principes et méthodes dans l’exercice d’activités intellectuelles ou économiques, ainsi que les logiciels en tant que tels. Toutefois, ces exclusions ne sont pas absolues et peuvent varier selon les législations nationales. Par exemple, un logiciel peut être brevetable s’il est couplé à un dispositif matériel et apporte une contribution technique non évidente.

Démarche pour obtenir un brevet

Pour obtenir un brevet, il faut généralement suivre plusieurs étapes :

  1. Réaliser une recherche préliminaire pour vérifier que l’invention est nouvelle et inventive. Cette recherche peut être effectuée en consultant les bases de données de brevets nationales et internationales, ainsi que la littérature scientifique et technique.
  2. Rédiger une demande de brevet comprenant un descriptif détaillé de l’invention, des revendications définissant précisément les aspects protégés de l’invention, ainsi que des dessins ou schémas si nécessaire. Il est recommandé de faire appel à un conseil en propriété industrielle ou un avocat spécialisé pour rédiger la demande, car la qualité de la rédaction a une incidence sur l’étendue et la solidité de la protection juridique.
  3. Déposer la demande de brevet auprès de l’office national ou régional compétent, comme l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) en France ou l’Office européen des brevets (OEB) pour les pays membres de l’Organisation européenne des brevets. Le dépôt entraîne le paiement de taxes officielles.
  4. Suivre la procédure d’examen menée par l’office compétent, qui vérifie si les conditions d’obtention du brevet sont remplies et peut demander des modifications ou des précisions. Cette procédure peut durer plusieurs années et donner lieu à des échanges avec l’examinateur chargé du dossier.
  5. En cas d’acceptation, obtenir la délivrance du brevet et payer les taxes de délivrance et de maintien en vigueur. Le brevet confère à son titulaire un monopole d’exploitation de l’invention pendant une durée limitée, généralement 20 ans à compter de la date de dépôt.

Il est important de noter que les brevets sont des droits territoriaux, c’est-à-dire qu’ils ne protègent l’invention que dans le pays ou la région où ils ont été délivrés. Pour obtenir une protection dans plusieurs pays, il est possible de recourir à des procédures internationales comme le système du PCT (Patent Cooperation Treaty) ou le brevet européen.

Valorisation et exploitation du brevet

Une fois le brevet obtenu, son titulaire peut en tirer profit de différentes manières :

  • Exploiter l’invention lui-même en fabriquant et commercialisant les produits ou services protégés par le brevet.
  • Licencier le brevet à des tiers en échange de redevances, c’est-à-dire autoriser d’autres entreprises à exploiter l’invention moyennant une compensation financière.
  • Céder ou vendre le brevet à un autre acteur économique, qui devient alors le nouveau titulaire des droits.
  • Utiliser le brevet comme garantie pour obtenir un financement auprès d’investisseurs ou d’établissements bancaires.

Le titulaire du brevet a également la responsabilité de faire respecter ses droits en cas d’atteinte, comme la contrefaçon, en engageant des actions judiciaires pour faire cesser les agissements illicites et obtenir des dommages et intérêts.

En somme, le brevet est un outil précieux pour protéger et valoriser une invention, à condition de remplir les critères de nouveauté, d’activité inventive et d’application industrielle, et de mener à bien la démarche d’obtention auprès des offices compétents. La maîtrise de ces aspects juridiques et techniques est essentielle pour les innovateurs souhaitant tirer profit de leurs créations et contribuer au progrès économique et technologique.